Pour tous ceux qui s’intéressent à la Brenne, je signale la sortie, au milieu de l’été, du livre de Geneviève Bédoucha : « Les liens de l’eau, en Brenne, une société autour
de ses étangs », une coédition de la Maison des sciences de l’homme et éditions Quae
(Collection Natures sociales, 706 pages, 60 euros, ISBN 978-2-7592-0855-5, référence 02215).
Geneviève Bédoucha est directeur de recherche au CNRS en anthropologie sociale. Ses travaux portent sur les rapports entre gestion de l’eau et société. Elle a mené des enquêtes en zone aride ou
semi-aride dans l’aire tribale du monde arabe, en Tunisie, au Yémen où elle a effectué des analyses comparatives avant de s’intéresser aux zones humides continentales. Elle s’est également
attachée à analyser la relation de l’ethnologue à son « terrain ». Elle a travaillé en Brenne depuis les années 1990 et ce livre est le résultat de ces presque 20 années de travaux. D’une
écriture élégante, simple et vivante, il met en lumière notre région, ses étangs et ses hommes, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui.
N’hésitez pas à vous le procurer, il est en vente en Brenne dans toutes les bonnes librairies !
Présentation de l'éditeur (au dos du livre) :
Aucune analyse anthropologique n’avait été menée jusqu’à ce jour dans la Brenne, située au coeur de la France, en cette contrée humide et demeurée secrète où se trouvent des étangs par milliers.
Geneviève Bédoucha a eu la curiosité d’aller durant plusieurs années sur cette terre particulière, parmi des eaux vouées depuis l’époque monastique à l’exploitation piscicole qui longtemps en a
fait la richesse.
Le façonnement par les hommes d’un milieu, aujourd’hui si prisé pour sa biodiversité, est peu connu. L’ethnologie vient l’éclairer de l’intérieur. Au sein de cette région de grande
propriété foncière, la prégnance symbolique des étangs a traversé les siècles. L’auteur, s’appuyant sur des sources historiques, montre, ici encore, le lien essentiel entre
gestion de l’eau et société quand rien ne laisserait imaginer, en zone humide, que l’eau puisse être considérée et gérée comme une ressource précieuse. Elle l’est ici pourtant doublement : par
les exploitants piscicoles qui s’ingénient à récupérer l’eau d’étang à étang, et par les éleveurs qui, en saison chaude, trouvent dans les étangs un appoint capital pour l’abreuvage du bétail.
Dans cette terre éminemment privée où n’existe aucune instance collective de gestion de l’eau, la dépendance des étangs tous reliés les uns aux autres entraîne celle des hommes. Car si la gestion
de l’eau repose sur une tradition, elle exige aussi des arrangements sans cesse à réinventer : tissu d’obligations multiples et réciproques dont se dessine alors la trame dans toutes ses nuances.
Fortement ritualisées, les journées de pêche, qui scandent les longs hivers, rapprochent les hommes de catégories sociales différentes, resserrent les liens, permettent, par une parole, ces
jours-là sans entraves, de libérer les tensions sociales.